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Et après la prenière rencontre ?

Par Par le sous-commandant Marcos, au nom du CCRI

Dans la seconde partie son discours de clôture de la 1re Rencontre intercontinentale contre le néo-libéralisme et pour l'humanité, le sous-commandant Marcos, au nom de la direction de l'EZLN, a tracé les lignes d'action pour les mois à venir.

Au nom du Comité clandestin révolutionnaire indien ­ Commandement général de l'Armée zapatiste de libération nationale

Mais qu'est-ce qui vient après ?

Un numéro de plus dans l'inutile énumération des nombreuses internationales ?

Un nouveau schéma qui tranquillise et qui soulage l'angoisse due à l'absence de recettes ? Un programme mondial pour la révolution mondiale ?

Une théorisation de l'utopie afin qu'elle garde ses prudentes distances avec une réalité qui nous angoisse ?

Un organigramme qui nous garantisse à tous un poste, une charge, un nom et pas le moindre travail ?

L'écho continue à se propager, l'image reflétée de ce qui est possible et de ce qui est oublié : la possibilité et la nécessité de parler et d'écouter.

Non pas l'écho qui s'éteint peu à peu ou la force qui décroît progressivement.

Mais bien l'écho qui brise et qui poursuit sa route.

L'écho de ce qui est petit, local et particulier, se réverbérant dans l'écho du grand, de l'intercontinental et du galactique.

L'écho qui reconnaît l'existence de l'autre et n'écrase pas ni ne fait taire l'autre.

L'écho qui prend sa place et parle avec sa propre voix et avec la voix de l'autre.

L'écho qui reproduit le son particulier et qui s'ouvre au son de l'autre.

L'écho de cette voix rebelle se transformant et se renouvelant à travers d'autres voix.

Un écho qui devient plusieurs voix, un réseau de voix qui, face à la surdité du pouvoir, choisit de se parler à lui-même, se sachant à la fois un et multiple, se sachant semblable dans son aspiration à écouter et à se faire écouter, se reconnaissant différent dans les tons et la force des voix qui le forment.

Un réseau de voix qui résistent à la guerre que lui fait le pouvoir.

Un réseau de voix qui non seulement parlent mais qui luttent et résistent pour l'humanité et contre le néo-libéralisme.

Un réseau de voix qui naît en résistant, en reproduisant sa résistance à travers d'autres voix encore muettes ou solitaires.

Un réseau qui couvre les cinq continents et aide à résister à la mort que nous promet le pouvoir. Ce qui vient après, c'est un grand sac de voix, de sons qui cherchent leur place aux côtés des autres.

Ce qui vient après, c'est un large sac déchiré qui garde le meilleur de lui-même et s'ouvre au meilleur de ce qui naît et qui grandit.

Ce qui vient après, c'est le sac miroir de voix, le monde où les sons peuvent être écoutés de manière séparée, afin de distinguer leur spécificité, le monde où les sons peuvent s'unir en un seul immense son.

Ce qui vient après, c'est le renouvellement des résistances, le fait de ne pas être conforme, d'être rebelle.

Ce qui vient après, c'est le monde aux nombreux mondes dont le monde a besoin.

Ce qui vient après, c'est l'humanité qui se reconnaît plurielle, différente, accueillante, tolérante envers elle-même, avec espoir.

Ce qui vient après, c'est la voix humaine et rebelle consultée à travers les cinq continents pour se faire réseau de voix et de résistances. Ce qui vient après, c'est notre voix à nous tous ici présents, la voix qui prononce cette 2e Déclaration de La Realidad pour l'humanité et contre le néo-libéralisme.

Frères et soeurs d'Afrique, d'Amérique, d'Asie, d'Europe et d'Océanie.

Considérant que nous sommes toutes et tous contre l'internationale de la mort, contre la globalisation de la guerre et de l'armement ;

contre la dictature, contre l'autoritarisme, contre la répression ;

contre les politiques de libéralisation économique, contre la faim, contre la pauvreté, contre le vol, contre la corruption ;

contre le patriarcat, contre la xénophobie, contre la discrimination, contre le racisme, contre le crime, contre la destruction du milieu naturel, contre le militarisme ;

contre la stupidité, contre le mensonge, contre l'ignorance ; contre l'esclavage, contre l'intolérance, contre l'injustice, contre la marginalisation, contre l'oubli ; contre le néo-libéralisme.

Considérant que nous sommes toutes et tous :

pour l'internationale de l'espoir, pour la paix juste et digne ;

pour la nouvelle politique, pour la démocratie, pour les libertés politiques ; pour la justice, pour la vie et le travail dignes ;

pour la société civile, pour des droits intégraux pour les femmes dans tous les domaines, pour le respect des anciens, des jeunes et des enfants, pour la défense et la protection du milieu naturel ;

pour l'intelligence, pour la culture, pour l'éducation, pour la vérité ;

pour la liberté, pour la tolérance, pour l'accueil, pour la mémoire ;

pour l'humanité.

Nous déclarons :

1 Que nous formerons un réseau collectif de toutes nos luttes et résistances particulières. Un réseau intercontinental de résistance contre le néo-libéralisme, un réseau intercontinental de résistance pour l'humanité. Conscient des différences et des ressemblances, ce réseau intercontinental de résistance cherchera à rencontrer d'autres résistances dans le monde entier. Ce réseau intercontinental de résistance permettra aux différentes résistances de s'aider les unes les autres. Ce réseau intercontinental de résistance n'est pas une structure organisatrice, n'a pas de centre directeur et décisionnel, n'a ni direction centrale ni hiérarchies. Le réseau est constitué par tous ceux qui résistent.

2 Que nous formerons un réseau de communication entre toutes nos luttes et résistances. Un réseau intercontinental de communication alternative contre le néo-libéralisme, un réseau intercontinental de communication alternative pour l'humanité.

Ce réseau intercontinental de communication alternative cherchera à tisser des canaux afin que la parole parcoure tous les chemins où l'on résiste. Ce réseau intercontinental de communication alternative n'est pas une structure organisatrice, n'a pas de centre directeur et décisionnel, n'a ni direction centrale ni hiérarchies. Le réseau est constitué par tous ceux qui parlent et qui écoutent.

Nous déclarons ceci :

Parler et écouter pour l'humanité et contre le néo-libéralisme. Résister et lutter pour l'humanité et contre le néo-libéralisme.

Pour le monde entier : Démocratie ! Liberté ! Justice ! Depuis n'importe quelle réalité de n'importe quel continent.

Frères et soeurs :

Nous ne proposons pas aux présents de signer cette déclaration et d'en finir aujourd'hui avec cette rencontre.

Nous proposons que la rencontre intercontinentale pour l'humanité et contre le néo-libéralisme continue sur chaque continent, dans chaque pays, à travers tous les champs et toutes les villes, dans chaque maison, école ou lieu de travail où vivent des êtres humains qui aspirent à un monde meilleur.

Les communautés indigènes nous ont appris que pour résoudre un problème, quel que soit son ampleur, il est toujours bon de consulter l'ensemble du groupe. C'est pour cela que nous proposons que soit réalisée une consultation internationale à propos de cette déclaration. Nous proposons que cette déclaration soit distribuée dans le monde entier et que se déroule, au moins dans l'ensemble des pays représentés ici, un référendum sur la question suivante :

« Es-tu d'accord pour approuver la Deuxième Déclaration pour l'humanité et contre le néo-libéralisme ? »

Nous proposons que ce référendum international pour l'humanité et contre le néo-libéralisme ait lieu sur les cinq continents durant la première quinzaine du mois de décembre 1996.

Nous proposons que ce référendum soit organisé de la même manière que cette rencontre, que tous ceux qui y ont assisté et ceux qui n'ont pas pu y participer mais nous ont accompagnés de loin lors de cette rencontre organisent et mènent à bien le référendum.

Nous proposons que tous les moyens possibles et impossibles soient utilisés pour toucher le plus grand nombre d'êtres humains sur les cinq continents. Le référendum intercontinental fait partie de la résistance que nous organisons et représente une manière d'établir des contacts et des rencontres avec d'autres résistances. Ce référendum intercontinental veut être partie prenante de la nouvelle façon de faire de la politique dans le monde.


Eencadré :

Appel à une deuxième Rencontre intercontinentale pour l'humanité et contre le néo-libéralisme
Volcans, numéro 23/numéro 9

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